Fin 1975, après l’invasion du Sahara Occidental par le Maroc, la résistance sahraouie a commencé à rassembler des photographies de soldats marocains capturés ou tués au combat. La plupart de ces photographies étaient de simples portraits de femmes de soldats, leurs petites amies, leurs enfants, leurs parents, ou des images de la vie quotidienne au Maroc. Pendant les années de guerre, ces photographies sont devenues des archives involontaires stockées dans des lieux provisoires du désert algérien, où les exilés sahraouis avaient cherché refuge.

Aujourd’hui, ces images attendent les conditions nécessaires, la fin de l’occupation et du conflit en cours, pour être rendues à leurs propriétaires : rendues non pas à l’État, mais aux familles qui ont perdu des êtres chers dans une guerre cachée.

(Intervention en anglais avec traduction simultanée en espagnol)

Dans sa pratique, Yasmine Eid-Sabbagh explore les possibilités de l’action humaine à travers des processus de travail expérimentaux et collectifs. Ces processus incluent des pratiques d’archivage telles que la négociation d’une archive numérique mise en place avec des habitants de Burj al-Shamali, un camp de réfugiés palestiniens au Liban. La photographie agit comme un moyen pour elle d’enquêter collectivement sur les notions de collectivité, de pouvoir et de résistance ; par exemple, avec son engagement en tant que membre de la Fondation arabe pour l’image et avec l’objectif de son doctorat en théorie de l’art et études culturelles à l’Académie des beaux-arts de Vienne (2018).